LePlusRécent
« Les réseaux sociaux sont le dernier bouc émissaire d’un discours tourismophobe »
2025-05-06
IDOPRESS
Devant l’entrée de la basilique Saint-Marc,à Venise,le 25 avril 2024. MARCO BERTORELLO / AFP En quinze ans,les arrivées de touristes étrangers ont bondi de 40 % dans le monde. Cette croissance mondiale du tourisme est avant tout alimentée par la dématérialisation,qui rend les voyages plus accessibles et faciles à organiser,et par l’essor de la classe moyenne dans les pays émergents.
Elle est aussi accélérée par les réseaux sociaux : TikTok et Instagram sont devenus un immense terrain de jeu publicitaire pour l’industrie du tourisme. Bien sûr,les « médiateurs » du voyage – livres,essais,guides,articles,publicités… – ont toujours existé. Mais cette nouvelle ère demande davantage de régulation,estime Jean-Christophe Gay,enseignant-chercheur à l’université de Nice,auteur de Tourismophobie (Iste,2024).
On se prend en photo,on partage des photos,on observe les photos des autres en voyage. La mise en scène de soi est-elle indissociable des vacances ?
L’auto-représentation de soi pendant son voyage est récurrente,même si,de l’extérieur,on peut percevoir le phénomène comme une forme d’égocentrisme. C’est une preuve qu’on est allé à tel endroit,qu’on a « rencontré » ce lieu. Dès le XVIIe siècle,les voyageurs,que ce soit les pèlerins ou les aristocrates à Rome qui faisaient leur Grand Tour,sont à l’origine d’une production massive dans des ateliers de peinture : des paysages,des personnes qui se font tirer le portrait avec des sites en arrière-plan. La différence avec l’époque actuelle,et ses milliers de photos et de vidéos partagées en ligne,c’est une question d’échelle.Il vous reste 60.12% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.